Turquie et entrée en Iran

Mon dernier jour à Trabzon, je me décide tout de même à aller faire un tour chez le « Kuaför » histoire de me refaire une beauté (oui mais que les cheveux hein ! dans qq jours j’arrive au pays de la barbe, alors je tiens à faire bonne impression, couleur locale ! ) Je vais donc dans un truc tenu par deux petits jeunes (c’était les moins chers :o ) qui m’accueillent tout contents et surpris d’avoir un étranger pour client. Les ptits gars connaissent en tout et pour tout 3 mots d’anglais (peut-être 4 pour le plus doué des deux, mais pas plus) mais ils sont rudement sympas et je reste une heure à « parler » avec eux autour des qq thés offerts par la maison.

Le lendemain je prends mon bus pour me rendre à Van. J’y arrive vers 11h, et à première vue, la ville à l’air en bon état, tout est debout ou presque (deux mois plus tôt il y a eu un gros tremblement de terre qui a fait 450 morts). Mais quand j’ai du chercher un hotel, ça s’est compliqué : tout est fermé sauf 4 hotels qui ont résisté aux secousses. Aidé de deux jeunes turcs, je m’installe dans le moins cher. De toutes façons je compte ne rester qu’une nuit puisqu’il y a un train le lundi vers l’Iran et que je suis arrivé à Van dimanche. Sauf qu’une fois dans ma chambre, après un rapide calcul, je me rends compte que ça ne va pas. Le consulat iranien de Trabzon m’a donné un visa pour 21 jours, et je veux absolument sortir d’Iran par le Trans-Asya, qui relie Teheran à Istanbul en 3 jours, train qui ne circule qu’une fois par semaine et démarre de Téhéran le mercredi soir. Or si j’entre en Iran le mardi dans la nuit, je ne pourrais rester que 16 jours dans le pays si je veux prendre ce train…Il me faudra donc attendre jeudi le passage du train Damas-Teheran via Van, ce qui me ferait entrer en iran vendredi matin et me permettrait de rester mes 21 jours dans le pays (voir même un peu plus puisque je risque de passer la frontière avec qq heures de retard et donc après l’expiration de mon permis…mais je compte sur la gentillesse du douanier, ou du moins sur le fait qu’il ne compte pas bien…sinon ben, d’après ce que j’ai lu par-ci par-là, ce sera tribunal et 30euros d’amende :p mais bon, j’ai peine à croire que, même dans un pays aussi stricte que l’Iran, les douaniers poussent la mauvaise foi si loin, surtout si je suis déjà dans le train me sortant du pays).

A Van, ben, y a pas grand-chose à faire, alors je me balade (70km en 3 jours tt de même). D’abord je vais à la gare histoire de réserver mon train. Une fois arrivé (après 1h de marche, soit 6-7km), les guichetiers (qui travaillent dehors ds des trucs préfabriqués car la gare en a pris un coup lors du tremblement de terre) me demandent « c’est pour aller en Iran ? » .. « heuu, waip, c’est marqué sur ma polaire ou quoi ? » « suivez moi ». Une fois dans le bureau et après qq minutes de patience le gars me dit « heuu, désolé, problème informatique, j’y arrive pas…mais revenez jeudi à l’heure du train, y a pas de problème »…waip, sauf que si il y a un problème informatique jeudi soir, je fais quoi moi ? Il ne me reste qu’à aller me promener…pendant 3 jours…Je vais d’abord au fort de Van, sans le visiter puisqu’il n’a pas l’air fameux, avant de revenir à mon hôtel non sans être invité à boire un thé avec un autre « kuaför ».

Le lendemain je vais jusqu’au lac puis longe la côte jusqu’au fort, que je me décide à visiter. La bonne nouvelle c’est qu’il est accessible mais théoriquement fermé, donc pas de ticket à payer. Finalement il est pas si mal, surtout si on considère le fait qu’il aurait 2800ans et qu’il est toujours presque debout. D’en haut, la vue est sympa sur le lac, la ville et sur la vieille ville arménienne au pied du fort, rasée par les turc lors de la première guerre mondiale et le génocide arménien. On voit encore 3-4 bâtiments debout, pour le reste on distingue les fondations des anciennes maisons et le tracé des rues.

Le lendemain je retourne au fort puisque le temps est meilleur que la veille et que j’ai raté qq trucs (comme un texte gravé sur la montagne par le roi Xerxes, qui, d’après la traduction, s’aimait beaucoup !). Je ne trouve pas le texte en question, mais je tombe en cherchant un peu sur un autre texte, lui aussi en écriture cunéiforme et qui doit dater de plus ou moins la même période.

Je retourne également à la gare, bien décidé à obtenir mon ticket de train, ce qui cette fois ne pose pas de problème.

Jeudi soir, je fais les 6-7km jusqu’à la gare à pied, dans un froid plus que polaire et chargé comme un mulet, étant donné que les transports en commun ne fonctionnent plus si tard le soir. Arrivé à la gare je suis accueilli par un groupe de turco-iraniens prenant le même train que moi et qui me font une place près du radiateur. Heureusement parce qu’il fait maxi-froid et le train partira 2h30 en retard !

Une fois installé dans le train, un gars à la mine patibulaire vient me demander mon ticket puis me fait « VISA ! » .. wow tout doux, suis en règle hein ! Il vérifie mon passeport puis son visage s’éclaire, s’incline devant moi, me rend mon passeport de la main droite soutenue par la gauche (grande marque de respect :o je vaux bien ça :D ) et me dit d’une voix mielleuse que si on était pas en hiver j’aurais bien vu qq fleures autour comme dans les bandes dessinées : « welcome to Iran ». Cette fois ça y est, j’y suis pour de bon !

Arrivé à Tabriz, un « douanier » vient me voir pour savoir ce que j’ai dans mon sac…ben, des vêtements quoi…et aussi des livres…et un jeu d’echec…et…. Ok personal belongings ? ben, yes…ok, you can go, welcome to Iran. 5m plus loin, un autre gars veut fouiller mon sac, je lui dis que c’est déjà fait, et me laisse passer sans oublier l’éternel « welcome to Iran ».

Tabriz, c’est pas hyper passionnant, et comme on est en hiver et qu’il n’y a pas de touriste, c’est difficile d’aller visiter les truc hors de la ville. D’ailleurs un gars dans la rue m’accoste et me demande pourquoi je viens en hiver.